Le Train Bleu et Michel Rostang
En entrant dans la gare de Lyon, rien ne laisse présager qu’au cœur de ce lieu extrêmement fréquenté, au 1er étage, se cache un joyau de la Belle Époque. C'est le chef étoilé Michel Rostang qui a élaboré les recettes emblématiques de ce monument de la gastronomie parisienne.
Le Buffet de la Gare de Lyon
En l'honneur de l'Exposition Universelle de 1900, la Compagnie des Chemins de Fer Paris-Lyon-Méditerranée, en abrégé PLM, construit une halte gastronomique dans un cadre luxueux sur sa célèbre ligne du Sud. Très vite, le restaurant, baptisé le Buffet de la Gare de Lyon, attire le beau monde et les artistes de grande réputation. Jean Cocteau, Coco Chanel, Salvador Dalí, Francis Bacon ou encore Jean Gabin contribuent à la renommée du restaurant ferroviaire.
L'intérieur
Le PLM avait en tête un monument architectural. Le restaurant devait être un exemple somptueux de l'art décoratif de la Belle Époque Le résultat est époustouflant. Peintures, dorures, moulures, immenses lustres en cristal et fresques ornent les plafonds et les murs de huit mètres de haut. Les œuvres conservées ont été exécutées par les plus grands artistes de l'époque. En 1972, les deux salles principales ont été classées aux Monuments Historiques.
Le Train Bleu
En 1963, le restaurant change de nom et devient Le Train Bleu, en référence au train de nuit bleu historique de la ligne Paris-Côte d'Azur.
La gloire et la disparition du train de nuit Le Train Bleu
Pour développer le tourisme vers la Méditerranée et en réponse à l'Orient Express, la Compagnie des Wagons-Lits lance le Train Bleu en 1868. Dans ce train de nuit, les passagers bénéficient de tout le luxe possible : chambres privées, lits aux draps fins et aux matelas moelleux, voiture-restaurant et bar au service impeccable et à la cuisine raffinée.
Des célébrités telles que Marlene Dietrich, Grace Kelly et Coco Chanel utilisaient régulièrement le Train Bleu. C’est aussi le lieu du crime du roman éponyme d'Agatha Christie, où Hercule Poirot va œuvrer et mener l’enquête.
A partir de 1976, avec la démocratisation de l'aviation puis l'essor des trains à grande vitesse, le Train Bleu décline. La ligne a même été suspendue pendant une courte période.
La collaboration avec Michel Rostang
La qualité du restaurant Le Train Bleu n'a cessé de se dégrader au fil du temps. La rénovation des salles à manger en 2014 n'a pas permis d'arrêter les critiques négatives.
En 2018, tout change. Le groupe SSP, principal opérateur de bars et de restaurants dans les lieux de voyage du monde entier, fait appel au célèbre chef Michel Rostang. Le chef transforme la carte en une belle proposition de plats haut-de-gamme qui évoluent au fil des saisons. La cuisine reste classique mais met l'accent sur les plats régionaux de la ligne PLM Paris, Lyon, Marseille. Rostang apporte également à la carte son penchant pour les sauces sophistiquées. Les bouillons riches et les sauces fines sont au cœur des plats équilibrés et délicieux. Certains grands classiques sont préparés ou découpés à table, selon les règles classiques du service en salle.
Ce qu'il faut manger au restaurant Le Train Bleu
Didier opte pour de succulentes langoustines rôties servies sur une fine couche de purée de courgettes au thym citron et nappées d'une bisque réduite. Je ne peux résister au poulpe au citron vert, à la crème de maïs, aux poivrons piquillos et à la coriandre. Ce plat contient tous les ingrédients du ceviche péruvien classique (bouton). Les deux entrées sont pleines de saveurs, fraîches et équilibrées.
Vient ensuite le turbot grillé entier et accompagné d'une purée de pommes de terre. Il est servi avec une sauce chaude à base d'olives noires hachées, de tomates séchées, de pignons de pin et de citron confit. Il s'agit là d'un clin d'œil évident à l'étape marseillaise, sur la ligne historique du Train Bleu. Le serveur nous présente le turbot grillé à table et découpe le poisson avec savoir-faire et perfection. Le turbot est succulent et savoureux et la purée de pommes de terre est veloutée et crémeuse. Je laisse mon assiette entièrement vide sans honte.
Nous avons malheureusement manqué de place pour le dessert, bien que la nage de fruits rouges d'été avec de la menthe fraîche m'ait semblé tentant.
Michel Rostang est passé maître dans l'art de préparer des plats classiques et sophistiqués. Son ragoût de poulet de Bresse est à s'en lécher les doigts.
Ragoût de poulet de Bresse