Excursion à Paris : une journée aux Halles
Emile Zola décrivait les Halles comme le ventre de Paris, le quartier au cœur de la ville où quantités de viandes et légumes avaient été échangées 800 ans durant. Il est bon de flâner dans les rues accueillantes et dans les vieilles esplanades du 1er arrondissement. Je commence par la belle Place des Victoires, à la recherche de quelques perles à ne pas manquer.
Galerie Vivienne : un charme historique
La Galerie Vivienne fait partie des joyaux cachés des galeries couvertes emblématiques de la métropole. L'endroit respire le charme et l'histoire. Datant du début du XIXe siècle, la galerie est construite dans un style néoclassique. La lumière traverse la longue verrière et fait ressortir les mosaïques brillantes et colorées du sol. Visitez les boutiques accueillantes ou mangez un morceau dans ce cadre exceptionnel. A côté de la Galerie Vivienne se trouve la Galerie Colbert avec son imposant dôme de verre.
Rue Montorgueil : une destination gourmande
La rue médiévale, rue Montorgueil, s'étend de l'église Saint-Eustache au quartier du Sentier. C'est une rue commerçante animée, pleine de restaurants accueillants, de cafés et de boutiques parisiennes. La foule est à la fois locale et touristique, ce qui confère à la rue un caractère authentique et vivant.
Mon carnet d’adresses gourmant comprend deux adresses incontournables dans cette rue : la pâtisserie historique Stohrer et le restaurant l'Escargot.
Pâtisserie Stohrer, la plus ancienne pâtisserie de Paris
Le 51 rue Montorgueil est l'adresse de la plus ancienne pâtisserie de Paris : lieu où Nicolas Stohrer a ouvert sa boutique en 1730. Le bâtiment lui-même vaut la peine d'être visité. Avec son décor opulent, il est classé Monument Historique. Il a été conçu par un élève de Paul Baudry, le peintre à qui l'on doit le magnifique décor du foyer de l'opéra du Palais Garnier.
Un pâtissier polonais visionnaire
L'histoire du visionnaire Nicolas Stohrer commence en 1725, lorsque la fille du roi Stanislas Ier de Pologne vient à Paris pour épouser le roi Louis XV. Dans ses bagages, la princesse Marie Leszczynska emmène le pâtissier préféré de son père. Cinq ans après son arrivée dans la métropole, Stohrer ouvre sa propre pâtisserie pour le plus grand bonheur des Parisiens.
Stohrer apparaît comme le parrain de la pâtisserie. Il est l'inventeur de nombreuses préparations qui restent les grands classiques de la pâtisserie occidentale : baba au rhum, goûters royaux, crème chiboust, religieuses et les pâtisseries puits d'amour que Louis XV envoyait à ses maîtresses en gage de son amour, selon la légende...
L'Escargot
Envie de cuisine bourguignonne classique ? Le restaurant l'Escargot, situé au 38 rue Montorgueil, est une adresse incontournable ! Vous ne pouvez pas manquer le beau bâtiment classé Monument Historique. Sa belle enseigne en forme de gros escargot doré se voit de loin.
Un restaurant original
L'Escargot a ouvert ses portes aux fêtards de Paris la rebelle en 1832. C'est sans doute le restaurant le plus original de la rue Montorgueil. L'intérieur de style Napoléon III, avec ses grands miroirs, ses canapés en velours rouge foncé, ses plafonds peints et ses boiseries fines, est un régal pour les yeux. Sans parler de la convivialité qui s'en dégage. Un escalier métallique en colimaçon mène à plusieurs salles privées, dont le célèbre salon Sarah Bernhardt, au plafond peint par Georges Clairin. Ouvert depuis presque 200 ans, l'Escargot a vu passer de nombreux noms célèbres : Marcel Proust, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Salvador Dali, Charlie Chaplin et, bien sûr, Sarah Bernhardt. Tous étaient des habitués.
Escargots : un plat culte
Les escargots de Bourgogne constituent le plat phare de cette carte très complète. Les préparations vont du classique escargot fourré au beurre d'ail et de persil à des combinaisons plus audacieuses avec de la truffe, du foie gras, du brie, des noix ou du piment d'Espelette. Nous optons pour la tradition et le quatre-épices et nous ne sommes pas déçus. Les plats sont parfaitement préparés et équilibrés.
Le reste du menu
Outre les escargots de Bourgogne, la carte propose des spécialités telles que les cuisses de grenouilles à la manière d'Escoffier, la soupe à l'oignon en croûte de pâte feuilletée, le pâté au magret de canard, le bœuf bourguignon et la sole meunière. Nous optons pour le succulent carré d'agneau pour deux personnes, accompagné d'une sauce au thym et d'un gratin dauphinois délicieusement crémeux. Parmi les desserts, citons la légendaire crêpe Suzette, la crème brûlée et le fondant au chocolat à la crème anglaise.
Eglise Saint-Eustache, un joyau de l'art gothique
Au cœur des Halles se dresse l'église Saint-Eustache, l'une des plus belles et des plus visitées de Paris. Avec son architecture gothique, l'église est un joyau de la Renaissance. Elle est unique par sa taille, sa collection d’œuvres d’art et son orgue exceptionnel, qui est l’un des plus beaux instruments de musique de France. Ses sonorités riches et puissantes lui ont valu une renommée mondiale. Des concerts sont régulièrement organisés dans l'église. Vous pouvez également entendre les sons célestes de l'orgue tous les dimanches à 10h45, en assistant à la grand-messe dominicale.
Un grand projet de restauration
L'église St Eustache fait l'objet d'un important projet de restauration visant à redonner à l'édifice sa gloire d'antan. Les travaux ont débuté en 2001 et se sont achevés en 2024.
L'église actuelle a été construite sur les fondations d'une chapelle du XIIIe siècle dédiée au martyr romain Eustache. Ses reliques ont été données à la chapelle par l'abbaye de Saint-Denis. La chapelle est devenue ensuite une église et a été agrandie au fur et à mesure de l’augmentation de la population paroissiale. En 1655, l'administrateur de l'église de l'époque fit construire deux chapelles sous les tours de la façade. La solidité de la structure en fut affectée à tel point que la façade et une partie des nefs latérales a été démolie. Les plans du nouveau portail n'ont jamais été entièrement réalisés, car la Révolution française a interrompu les travaux. Le projet de restauration actuel permettra de découvrir pour la première fois la façade anciennement imaginée pour l'église Saint-Eustache. Après 200 ans de fermeture, vous pourrez à nouveau entrer dans l'église par l'entrée principale.
Dehillerin : 200 ans de tradition culinaire
L'histoire culinaire de la maison Dehillerin s'étend sur deux siècles et commence par le travail acharné d'Eugène de Hillerin, descendant d'une vieille famille noble de l'ouest de la France et ruinée par la Révolution. Il s'installe à Paris dans les années 1880 et cherche à réussir dans la fabrication et le commerce de quincaillerie et d'articles ménagers. Il s'installe dans le 15e arrondissement et achète un magasin datant de 1820. En 1890, il déménage sa boutique rue Coquillière, adresse actuelle de la maison Dehillerin.
Après sa mort en 1902, les jeunes générations continuent à suivre ses traces. Dehillerin se fait un nom dans le monde entier en tant que fournisseur des meilleurs équipements de cuisine du marché. Restaurateurs, pâtissiers, bouchers et traiteurs, chacun y trouve le matériel nécessaire à son métier de bouche. La renommée et la réputation de la maison dépassent les frontières de la France. Le matériel de cuisine de Dehillerin est considéré comme l'outil ultime et indispensable dans les cuisines des grands chefs et de l'élite du monde entier. Auguste Escoffier était un ami personnel de Maurice Dehillerin. La maison a fourni à la White Star Line le matériel destiné au Titanic, et également au Palais de l'Élysée. Les idoles de la cuisine et de la télévision, Julia Child et Ina Garten, toutes deux passionnées de gastronomie française, ont-elles fait connaître le nom de Dehillerin à leurs admirateurs américains. Le Dehillerin est la Mecque de tous les cuisiniers et gourmands, moi y compris.
Dehillerin dispose d'une boutique en ligne avec des livraisons à l'étranger, mais il est toujours plus agréable d'acheter localement !